Thierry Ardisson : une dernière mise en scène pensée avec lucidité
- Louane Dubois
- 17 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 oct.
Le 14 juillet 2025, Thierry Ardisson, figure incontournable du paysage audiovisuel français, s’est éteint à l’âge de 76 ans. Homme de télé, de mots, d’idées – souvent noir, toujours brillant – il laisse derrière lui des émissions cultes, un style inimitable… et une leçon de lucidité face à la fin.
Mais au-delà du personnage public, l’homme avait soigneusement préparé son départ, avec une sensibilité étonnante, un sens du détail presque scénaristique. Et si cette façon d’anticiper pouvait nous inspirer, individuellement, à mieux vivre ce moment inévitable : notre propre disparition ?
Je ne veux pas que la mort me prenne par surprise
Ce sont ses propres mots, livrés avec franchise dans une interview accordée au Point, quelques semaines seulement avant son décès. Thierry Ardisson expliquait :
Prolonger cette relation :
"Je veux l’encens, les enfants de chœur… la totale ! J’ai déjà toute la playlist en tête."
Il évoquait notamment les morceaux qu’il souhaitait entendre lors de ses obsèques : Lazarus de David Bowie, chanson testamentaire par excellence, et In My Life des Beatles, ode à ceux que l’on aime et à la mémoire partagée.
Dans le même entretien, il confiait :
"J’ai tout organisé. Je ne veux pas que la mort me prenne par surprise."
Une déclaration aussi sobre que puissante. Il n’était pas dans le pathos ni dans le sensationnalisme, mais dans une lucidité rare, presque apaisée.
Une mise en scène ? Non. Un geste d'amour et de soin
Certains y verront une mise en scène ultime, fidèle à son image de maître de l’anticipation médiatique. Mais il serait réducteur de s’arrêter là. En vérité, Thierry Ardisson a fait ce que beaucoup d’entre nous n’osent pas faire : il a préparé son départ. Pas pour lui. Mais pour ceux qu’il aimait.
Organiser ses obsèques, choisir les musiques, prévoir un cadre intime… Ce sont des choix forts, qui soulagent les proches, qui laissent un message : "Je pense à vous. Même dans l’absence, je veux vous accompagner."
Cette démarche est profondément humaine.
Et si nous osions, nous aussi, préparer ce que nous voulons transmettre ?
Chez eStorie, nous croyons à la force des traces que l’on laisse.
Ce n’est pas tant la mort que nous regardons. C’est ce qu’on peut encore dire, partager, transmettre avant qu’elle n’arrive.
Anticiper sa mort, ce n’est pas renoncer à la vie. C’est, au contraire, la célébrer jusqu’au bout. C’est affirmer ce qui compte, transmettre un message, une intention, une trace.
Nous croyons profondément à cette démarche. C’est tout le sens de notre service "En ma mémoire" : permettre à chacun de laisser des souvenirs, des lettres, des vidéos, des dernières volontés, à transmettre au bon moment, aux bonnes personnes... à destination de ceux qui restent. Pas pour préparer la fin. Mais pour prolonger le lien.
Car un souvenir bien transmis, c’est un deuil un peu apaisé. Un mot attendu, c’est un silence de moins.
En résumé
Son départ, soigneusement organisé, n’était pas une manière de garder le contrôle. C’était une manière de soulager, d’aimer, de guider.
Il nous dit à sa manière :
"Vous pouvez choisir ce que vous laissez, vous pouvez écrire la fin avec tendresse."
Et cette leçon-là, chacun peut s’en inspirer.
📌 Pourquoi anticiper son départ ?
Pour épargner à ses proches des décisions difficiles dans un moment de douleur
Pour exprimer ce que l’on n’a jamais osé dire
Pour transmettre ses volontés, ses souvenirs, ses émotions
Pour rester présent, d’une autre manière
Le décès de Thierry Ardisson nous rappelle que la mort, si douloureuse soit-elle, peut aussi être préparée avec humanité. Ce n’est pas une fuite, mais un acte d’attention. Une manière de dire : Je pense à vous, même dans l’absence.
Et si cette dernière mise en scène n’était pas un adieu, mais un ultime signe d’amour ?
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